Le micro potager est une technique de culture inspirée du Keyhole garden, appelé aussi jardin solaire. C’est un potager surélevé, qui associe un espace de culture à un composteur. Ce système est particulièrement adapté aux petits jardins urbains, où il n’y a pas assez de place pour installer un potager traditionnel.
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Depuis janvier 2024, les collectivités doivent mettre à disposition de leurs administrés, les moyens de traiter leurs déchets organiques. La principale solution proposée reste le compostage individuel ou collectif. Cependant, une fois le composteur rempli, que faire du compost récolté, en particulier dans un petit jardin ? Pourquoi ne pas le mettre à profit en cultivant ses légumes dans un micro potager ?
Le composteur est le garant de l’abondance de vos récoltes et de la pérennité du micro potager.

Dans un potager traditionnel, les ressources nutritives du sol s’épuisent au fur et à mesure des cultures et des saisons. En cultivant la même plante au même endroit, le sol s’appauvrit peu à peu. Il devient alors indispensable de mettre en place une rotation des cultures et d’apporter régulièrement des amendements. Chaque année, on déplace les plantes d’un endroit à un autre, en respectant un délai de trois à cinq ans avant de remettre une culture à son emplacement initial. Cette rotation des cultures demande de l’espace, dont on ne dispose pas dans un petit jardin urbain.
Dans un micro potager, la question de la rotation des cultures ne se pose plus. En effet, le sol artificiellement reconstitué sous forme de « lasagnes », crée un complexe nutritif composé d’humus, dont raffolent les plantes potagères. Néanmoins, s’il n’est pas renouvelé, ce sol artificiel finira par s’épuiser. Le composteur va alors devenir une nécessité.

Quotidiennement, vous remplissez votre composteur de déchets organiques, essentiellement issus de la cuisine. Des micro-organismes, des insectes et des vers de terre colonisent ces déchets, s’en nourrissent pour les transformer en humus. Le contenu du composteur est directement en contact avec l’espace de culture du micro potager : le grillage qui les sépare permet des circulations d’insectes, de larves et de vers de terre, entre les couches en lasagnes et le compost. Ces circulations permettent le dépôt de nutriments et favorisent la présence de micro-organismes dans le sol. Plus la vie organique de votre sol sera riche, plus vos cultures potagères seront résilientes.
Le composteur du micro potager est séparé en deux parties : une pour recevoir les déchets, l’autre contenant le compost en mûrissement. Une famille de 3 personnes remplit une moitié de composteur (volume de 80 litres dans notre cas) en 4 à 6 mois environ, en n’oubliant pas de remuer le compost toutes les semaines. Le fait de brasser les déchets nouveaux avec ceux en décomposition, permet d’aérer le compost afin d’accélérer le processus et de réduire son volume.
En effet, l’espace disponible dans le composteur de doit pas venir à manquer. Lorsque le compost mûr est récolté, il libère la place pour le démarrage d’un nouveau compost. Le compost récolté est répandu directement dans l’espace de culture du micro potager. Ainsi, le sol reçoit très régulièrement des apports nutritifs, sous forme d’amendements en compost ménager. La rotation des cultures n’est plus nécessaire et il devient possible de cultiver plusieurs années d’affilée les mêmes plantes aux mêmes emplacements.
Le compostage reproduit artificiellement un phénomène naturel par lequel des matières fermentables sont transformées en humus.

Récolte du compost mûr.
En lui-même, le compost est un écosystème. Il contient des micros organismes et des insectes qui se nourrissent de matière organique et qui ont besoin d’eau, d’oxygène et de chaleur. Plus ces organismes sont diversifiés, plus la décomposition des matières est rapide.
Comme tout écosystème, le compost possède son propre équilibre. Il faut veiller à respecter, à peu près, des proportions de deux tiers de déchets riches en eau et en azote (mous et humides) et d’un tiers de déchets structurants et carbonés (durs et secs). Par exemple, dans un kilo de déchets compostables, on compte 700 grammes d’épluchures de légumes et 300 grammes de carton. Cette proportion reste très théorique : en pratique, on a tendance à faire « à vue de nez », ce qui fonctionne aussi très bien. Lors de la décomposition des matières vous observerez un dégagement de chaleur.
Dans votre compost, vivent différents petits animaux.
La larve de mouche soldat.
Inoffensive pour l’homme et pour les cultures potagères, la mouche soldat est originaire d’Amérique. Espèce exogène, elle n’est pas considérée comme invasive. Ces mouches vivent à proximité des matières organiques humides sur lesquelles elles pondent. En ville, elles s’implantent à côté des poubelles et des composteurs car leurs larves se nourrissent de matières organiques en décomposition. Les larves fuient la lumière : on les trouve généralement dans les profondeurs du compost. Lorsque les larves arriveront à l’âge adulte, sous la forme d’une grande mouche noire, longue et fine, il n’y a pas de risque d’invasion de votre habitation. En effet, les mouches adultes ne se nourrissent pas, elles vivent sur leurs réserves de graisse accumulées au stade larvaire.
La larve de cétoine.
La cétoine est une variété de scarabée, très commune en Europe, se nourrissant essentiellement de fleurs. Les larves de cétoine sont de gros vers blancs qui mangent le bois en décomposition. Dans votre composteur, elles se nourriront des matières sèches. Il ne faut pas confondre la larve de cétoine avec celle du hanneton. La larve de hanneton vit dans le sol et dévore les racines vivantes des plantes. La larve de cétoine vit dans les tas de compost et les arbres en décomposition : elle ne s’attaque pas aux cultures.
Le mille pattes.
Animal nocturne, il peuple les endroits humides et sombres. Détritivore, il se nourrit de végétaux morts et de cadavres d’insectes ou de petits animaux. Il transforme la matière organique en la fragmentant en particules disponibles pour les bactéries et champignons, qui achèvent la dégradation des matières en humus.
Le cloporte.
Crustacé terrestre, le cloporte est un détritiphage : il se nourrit de matière végétale en décomposition. Ils fuient la lumière et vivent dans les endroits sombres et humides. Vous en rencontrerez souvent dans votre composteur.
Un compost est très simple à réaliser.

Brassage hebdomadaire du compost.
Pour commencer le compost dans votre micro potager, choisissez un des deux compartiments et jetez-y vos déchets organiques de cuisine. Les déchets de viande, de poisson ou les croûtes de fromage peuvent être mis au composteur à condition de bien les enfouir pour accélérer leur décomposition et ainsi éviter qu’ils dégagent des odeurs. Les os sont très lents à composter : on évitera de les mettre dans le composteur du micro potager. Coupez systématiquement en morceaux les déchets de grande taille comme les trognons de chou-fleur ou les fruits entiers. Ils prendront moins de place et leur décomposition sera plus rapide. Au fur et à mesure, votre compost va s’acidifier, dégageant une odeur rappelant celle de l’orange. Puis, la décomposition va continuer pour s’achever en humus. Toutes les semaines, aérez vos compost (celui en cours et celui en murissement) en les brassant avec une pelle ou une bêche. En fonction des températures extérieures, le mûrissement d’un compost en micro potager, prend de 4 à 6 mois.
Les deux compartiments permettent d’alterner les composts sur une année. En effet, on va remplir un des compartiments durant 6 mois puis le laisser au repos les 6 prochains mois, afin que le compost qu’il contient mûrisse. On commence alors un nouveau compost dans le second compartiment en le remplissant pendant 6 mois. Le compost du premier compartiment, une fois mûr, sera répandu dans la zone de culture, libérant l’espace et permettant de commencer un nouveau compost. Cette alternance des compartiments vous permet d’avoir toujours du compost mûr pour vos cultures d’été, puis, pour vos cultures d’hiver.

Déchets à ne pas mettre au composteur.
- Coquilles de crustacés (huitres, moules, bulots, coques etc) : ces éléments prennent plusieurs années à se dégrader : leur traitement par compostage n’est pas adapté.
- Le verre, le métal, les élastiques.
- Sacs en amidon de maïs : même avec une pastille indiquant qu’ils sont compostables, ils sont partiellement composés de plastique et ne se dégradent pas correctement.
- Excréments animaux et humains : ils présentent des risques de contamination bactérienne et parasitaire.
- Litières pour chats : elles contiennent de la bentonite ou de la silice qui ne se dégradent pas au compostage. Il existe également un risque de contamination parasitaire et bactérienne.
- Emballages plastiques : il faut de nombreuses années pour partiellement les dégrader : ils présentent un risque de contamination aux micro plastiques.
- Vêtements et tissus : très lents à se décomposer, le traitement par compostage n’est pas adapté.
- Bouchons en liège : imputrescibles, ils ne se dégradent tout simplement pas.
Déchets compostables mais lents à se décomposer.
- Os : il est tout à fait possible de placer des os dans le composteur en les enfouissant bien. Ils sont nettoyés des chairs et cartilages qui y sont accrochés en quelques semaines. Par contre, ils peuvent mettre quelques années avant de se dégrader.
- Cheveux et poils d’animaux : ils sont lents à se dégrader et créent des filaments désagréables à manipuler lors de la récolte du compost.
- Coquilles de fruits (noix, noisettes, amandes etc.).
- Noyaux de fruits (mangues, pêches, abricots, avocats etc.).
Déchets compostables.
- Epluchures et déchets de fruits et légumes, de préférence coupés en morceaux afin de réduire leur taille et ainsi accélérer leur dégradation.
- Déchets de viande, de poissons (têtes, arrêtes, têtes et pattes de crevettes). Creusez un trou dans le compost en cours et enfouissez les bien : leur décomposition est plutôt rapide.
- Pain coupé en morceaux.
- Restes de table (riz, pâtes, légumes, viandes et poissons, biscuits, sauces).
- Marc de café.
- Coquilles d’œuf (que vous pouvez broyer).
- Huiles végétales.
- Mouchoirs et serviettes de table en papier, à couper en morceaux.
- Essuie tout sans projection de produits ménagers, à couper en morceaux.
- Petits cartons (rouleaux de papier toilette et essuie tout, petits emballages sans encre ni plastiques collants).
- Tous les agrumes et leurs peaux coupés en morceaux.
- Déchets d’ail, d’oignon et d’échalotte.
- Peaux de melon et d’avocat coupées en morceaux.

Nous arrivons au mois d’avril. Il est temps de préparer l’espace de culture du micro potager pour accueillir les semis réalisés en février : ils ont bien grandi. Le compost d’hiver a été récolté courant mars et mélangé à la terre de surface de l’espace de culture. Les premiers rayons de soleil viennent réchauffer la terre et relancer l’activité organique du sol. D’ici une semaine, les plants de tomates seront mis en terre. Nous ne manquerons pas de vous donner des nouvelles des associations de cultures et des semis réalisés directement en pleine terre. D’ici là, nous vous souhaitons de belles réussites dans vos premiers repiquages et dans vos cultures.
Retrouvez le micro potager sur notre site internet legumesurbains.fr.

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