Le micro potager est une technique de culture inspirée du Keyhole garden, appelé aussi jardin solaire. C’est un potager surélevé, qui associe un espace de culture à un composteur. Ce système est particulièrement adapté aux petits jardins urbains, où il n’y a pas assez de place pour installer un potager traditionnel.
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La surface de culture d’un micro potager reste très limitée. Cependant, en associant les cultures potagères et en les organisant de manière à optimiser l’espace disponible, il est possible d’obtenir des récoltes intéressantes par rapport à la petite surface cultivée.
Souvenez vous : début avril, les plants semés en février ont été repiqués dans l’espace de culture, en suivant les schémas d’association des plantes, définis en fin d’hiver (Cf. les articles Planifier les cultures du micro potager et La mise en place des cultures).


Ces principes d’association restent très théoriques. Le mauvais temps du mois d’avril, les attaques de limaces et le grattage des oiseaux ont perturbé les semis en pleine terre et la pousse des plants. Néanmoins, en ce milieu d’été, on se rapproche de ce qui était prévu.








Le rôle du compost.
Notre micro potager intègre un composteur, qui permet de recycler les déchets de cuisine et de jardin en compost.
Au mois de mars, un amendement en compost ménager a été effectué. Mélangé à la terre de l’espace de culture, ce compost a apporté de nombreux éléments nutritifs. Les vers de terre qui s’y trouvaient se sont répandus dans le sol, favorisant l’aération et le transport des nutriments.
Une fois repiqués, les plants se sont correctement enracinés et l’apport nutritionnel les a fortifiés : ces résultats sont particulièrement visibles sur les troncs des plants de tomates.
Un sol riche et vivant reste la meilleure prévention des maladies des plantes. Bien qu’il ait abondamment plu aux mois d’avril et mai, il n’y a pas de trace de mildiou sur les plants de tomate ou d’aubergine. Globalement les plantations ont bien résisté au froid et à la pluie : seule la croissance des piments, poivrons et aubergines a été ralentie.









Fin mai, un nouvel amendement en compost a été apporté. Les résultats sont visibles au bout d’une dizaine de jours : les feuilles des laitues se sont épanouies. Associée à une vague de chaleur, la croissance des aubergines, poivrons et piments s’est accélérée.


Les courgettes.
Rappelez vous, le semis de courgette avait été réalisé trop tôt dans la saison, entrainant un rempotage précoce. Le plant s’était ensuite développé très vite et avait dû être repiqué en peine terre fin mars.

Les températures très basses du mois d’avril (aux alentours de 2°C la nuit), nous ont donné quelques frayeurs. Protégé par une cloche plastique, le plant a survécu et les premiers fruits sont apparus début mai.




En l’absence de fleur mâle ces fruits n’ont pas été fécondés : la base des fruits a pourri et le phénomène a été accentué par les fortes pluies.


Néanmoins, nous avons procédé à des pollinisations artificielles avec un pinceau, en récupérant le pollen d’une fleur mâle pour l’appliquer sur le stigmate des fleurs femelles.



La fécondation au pinceau a donné de bons résultats, avec des fruits qui se sont correctement développés et qui ont pu être consommés.


Le pied de courgette devient un peu encombrant au fur et à mesure de sa croissance. Pour libérer de l’espace pour d’autres cultures, la pousse du plant est dirigée vers l’extérieur du micro potager.


Début juin, les fortes pluies ont cessé et les fleurs mellifères installées aux alentours du micro potager attirent les insectes, favorisant la fécondation naturelle des courgettes.









Les tomates.
Repiqués dans le micro potager, les plants de tomates se sont rapidement épanouis malgré la pluie et le froid. Les troncs se sont renforcés et les premières grappes de fleurs sont apparues fin avril.
Cependant, plus de la moitié des fleurs des premières grappes a avorté. Il est très probable que les fleurs n’aient pas été fécondées. En effet, une fleur de tomate est hermaphrodite : les étamines porteuses de pollen sont disposées autour du stigmate, organe femelle de la fleur. En cas de pluies régulières, le pollen reste collé aux étamines et ne rentre pas en contact avec le stigmate. En l’absence de fécondation, la fleur fane, sèche et son pédoncule se détache de la tige. Il est recommandé de secouer légèrement les fleurs ou de les pincer délicatement afin que la fécondation ait lieu.



Le mois de juin a été moins pluvieux que les mois d’avril et mai : les fleurs produisent des fruits et de nombreuses grappes sont apparues. Les premières récoltes ont commencé début juillet.









Au mois de juillet, même si leur texture est ferme, les tomates récoltées manquent un peu de sucre et de saveur, certainement en raison des excès de pluie. En revanche, les fruits du mois d’août sont bien meilleurs : sucrés et parfumés.
Les plants de tomate n’ont pas été arrosés directement depuis leur repiquage, afin de favoriser leur goût et leur teneur en sucre. L’absence d’arrosage régulier a probablement entrainé un défaut d’absorption du calcium et quelques fruits présentent une nécrose apicale appelée aussi « cul noir ».
Cette année, les plants n’ont pas été taillés, sauf les premiers gourmands et feuilles basses. Les tomates buissonnent et les grappes de fruits sont cachées dans le feuillage. Fin août, la récolte est quasiment identique à celle de l’année 2023, où les plants avaient été taillés. Tailler ou non les tomates : le débat reste ouvert!
Les laitues.
Mises en place dès l’apparition de quatre feuilles sur les plants, les laitues ont beaucoup apprécié les pluies et la fraicheur printanière. Des attaques de limaces et d’escargots ont ravagé plusieurs pieds : les plants survivants ont été préservés des gastéropodes avec des bouteilles plastiques retournées. De belles récoltes de laitues ont été réalisées avant l’arrivée de la chaleur de juillet.




Les variétés de laitues doivent être choisies en fonction du climat et des températures. Elles s’épanouissent très bien en deçà de 25 °C. Au-delà de 25°C, la croissance des pieds et le développement des feuilles stagnent, les semis se compliquent. Les fortes chaleurs inhibent la germination des graines : seule la variété Pierre bénite lève mais péniblement. La culture des variétés Batavia Iceberg, Craquelle du midi, Batavia Till, Radichetta et Carlipa (variétés testées cette année) devient laborieuse lorsque le mercure approche des 30°C.
Les petits radis.
Les mois d’avril et mai ont vu une belle production de petits radis, favorisée par les pluies abondantes et les températures relativement fraiches.




Trois semis en pleine terre ont été réalisés et ont donné lieu à trois récoltes satisfaisantes. Le petit radis n’apprécie pas trop la chaleur : les semis ont été arrêtés à la mi-mai pour laisser plus de place aux laitues.
Les aubergines, poivrons et piments.
Mis en place à la mi-avril, les plants ont accusé un retard de croissance en raison des températures trop fraiches, en particulier la nuit. Fin mai, l’apport de compost associé à un mulch de tonte a accéléré la croissance des plants. Néanmoins, toutes les premières fleurs d’aubergines, poivrons et piments se sont desséchées et ont fini par tomber. Il est possible que les plants aient reçus trop d’azote, en particulier avec le mulch de plusieurs tontes et que cet excès d’azote ait entrainé l’avortement des fleurs. L’apport de purin de banane à deux semaines d’intervalle semble avoir relancé la floraison et favorisé l’apparition de fruits.



Concernant les aubergines, l’arrivée de la chaleur au mois de juin, associée au purin de banane ont dynamisé l’apparition de fleurs et de fruits. De tous les légumes cultivés, ce sont les deux aubergines qui donnent, pour le moment, le meilleur résultat avec 6 à 8 fruits récoltés par pied, à la mi août.






Le poivron apprécie particulièrement la chaleur. La croissance des fruits est en retard, par rapport aux aubergines et piments de Cayenne, mais on compte quand même 10 à 15 fruits formés par pied. Ils arriveront à maturité fin août.






Comme pour les aubergines, la chaleur et l’amendement en purin de banane ont favorisé la floraison des piments de Cayenne. De nombreuses grappes sont apparues et devraient arriver à maturité fin août.




Les ratages…
Les betteraves.
Cette année, la culture de betterave a été compliquée. Le semis directement en terre a été compromis, par les fortes pluies et par les merles qui, en grattant la terre, ont dispersé les graines. Les semis ont alors été réalisés en godets et les plants ont été repiqués en pleine terre. Les plants ont été déterrés par les oiseaux : aucune récolte n’aura lieu.



Les haricots verts.
Comme pour les betteraves, les graines de haricot verts placées directement en terre n’ont pas germé ou ont été dispersées par les oiseaux. Les semis réalisés en pots, sont laborieusement sortis de terre. Une fois repiqués, les merles se sont chargés de disperser les jeunes plants. Pas de récolte de haricots verts cet été. Un nouveau semis sera réalisé fin août, en espérant une récolte en octobre…



Le purin de banane.
Riche en potassium, le purin de banane favorise la floraison et la fructification. Le magnésium, présent dans la peau des bananes, améliore la photosynthèse et l’absorption des nutriments.
Utilisez, de préférence, des bananes bio, dont la peau est moins chargée de pesticides.
Faites macérer une peau de banane pour un litre d’eau dans un seau ou autre contenant. Mélangez tous les jours la macération : de petites bulles remontent à la surface, signe d’une fermentation de la mixture. Lorsque ces petites bulles n’apparaissent plus lors du mélange, le purin est prêt. Vous pouvez arroser directement vos plants avec, en évitant les feuilles. Les peaux de bananes peuvent être mises au composteur ou placées aux pieds des plants de légumes.





Les tomates, poivrons, piments et aubergines donnent des résultats satisfaisants, en dépit d’une météo printanière peu favorable. La récolte de laitues ralentit en ce milieu d’été mais l’année prochaine, une variété résistante à la chaleur sera testée : les semis seront organisés de manière à mieux optimiser laitues de printemps, d’été et d’automne. En ce mois d’août on prépare déjà les cultures d’hiver. Le prochain article traitera des semis des légumes d’automne hiver et de la transition entre cultures d’été et d’automne : comment le micro potager se réorganise pour optimiser les cultures.
D’ici là, nous vous souhaitons de bonnes vacances!

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